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Patryck Froissart

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18 juin 2006 7 18 /06 /juin /2006 19:43

Titre : Mister Candy

 

Auteur : Bapsi Sidhwa

 

Titre original : Ice Candy Man

 

Traduit de l’anglais par Nadine Gassie

 

Editeur : Actes Sud (1997)

 

ISBN : 2742713433

 

 

L’auteure raconte avec une étonnante fraîcheur la partie de son enfance qui s’est déroulée à Lahore dans la maison de sa famille parsie, où les domestiques de toutes communautés vivent en bonne entente, juste avant, pendant et juste après la période sombre et tumultueuse qui a abouti à la partition de l’Inde et à la création du Pakistan.

 

Les premiers souvenirs de la petite Lenny, touchée par la poliomyélite, sont ponctués de scènes d’interventions chirurgicales ayant pour but de corriger les séquelles de la maladie sur ses pieds et jambes.

 

L’enfant, pourtant, surmonte sa souffrance en observant, avec une acuité sans défaut et une naïveté pleine de bon sens les êtres qu’elle côtoie et les événements qui se déroulent devant elle.

 

Le centre du monde, pour elle, est son ayah, la nurse hindoue, à la peau sombre et au corps voluptueux qui attirent autour d’elle des prétendants de toutes les communautés, et en particulier Mister Candy, le marchand de glaces, descendant des bâtards royaux peuplant Hira Mandy, le quartier des poètes, des danseuses prostituées et des musiciens.

 

Avec la belle ayah et son aréopage d’admirateurs, avec Ranna, le camarade de jeu musulman d’un village paysan, avec Cousin, son cousin déluré et obsédé par sa sexualité, avec Marraine et sa sœur Souffre-Douleur, Lenny découvre les noirs aspects du monde, la férocité des hommes, leur rage identitaire, leur barbarie tribale, leurs ivresses claniques, leurs bas instincts ataviques..

 

Lenny apprend la vie, Lenny apprend la mort.

 

« Cette nuit-là, j’emporte avec moi dans mon lit tous les mots entendus, les leçons apprises, les choses vues, et, au matin, je titube, prise de vertige devant un monde d’adultes, terrible bien qu’à peine entr’aperçu… »

 

Le quartier, les voisins, les amis, la famille proche sont entraînés dans la tempête macabre qui déferle sur le Pendjab et tronçonne aveuglément, dans ses tornades sanglantes, ses brutales crues de haine, ses folies collectives et animales le pays, ses villes, ses campagnes où vivaient jusqu’alors, séculairement, en bonne entente, musulmans, hindous et sikhs.

 

En sont victimes plusieurs amoureux de l’ayah, puis l’ayah elle-même que le fourbe Mister Candy livre aux musulmans déchaînés pour mieux se l’approprier après qu’elle aura été, pendant plusieurs mois, enfermée dans le bordel où, comme le font les autres clans, les musulmans se défoulent de leur haine sur les femmes prises à l’adversaire.

 

En est victime le jeune Ranna, dont le village et la famille sont atrocement décimés par une horde de Sikhs.

 

Sous le regard à la fois candide et cru de Lenny, les scènes d’horreur se succèdent, et tout un pays se défait avec la complicité de l’occupant anglais, dans l’indifférence d’un monde occidental encore sous la stupeur de la découverte de ses propres tares racistes et guerrières : nous sommes en 1947 quand a lieu la partition, l’Europe est en ruines et les crématoires nazis fument encore…

 

Il faut lire ce roman d’une enfant, dont l’œil désabusé allume des éclats cinglants d’ironie et d’humour noir sur des pages autant douloureuses pour le lecteur que pour les personnages. Les événements les plus puants, les actes les plus poignants, les comportements les plus odieux n’y sont jamais rapportés sans le petit trait d’humour frais qui permet de les « faire passer » sans toutefois en altérer le moindrement la laideur.

 

Il faut rire, pour ne pas pleurer.

 

Patryck Froissart, le 31 mars 2006

 

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